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CHAMBRE ARDENTE

Marianne Pon-Layus - 24 au 30 août

 

crédit photo : Marina Polissonne

 

« Anges déchus et démons du feu
Par votre hurlement creux
La volonté de mon ennemi
Par Ishtar sera anéantie
Elle était forte, elle se brise
Elle était fière, elle est soumise
Elargissez sa plaie, retranchez son cœur
Qu’il se soumette dans la douleur
 »

Traduction libre d’une incantation chaldéenne archaïque, Babylone, VIe siècle ACN.

 

L’ésotérisme a été représenté dans l’art depuis la nuit des temps. Il tenait et tient encore une part importante, bien que périclitante, dans toutes structures sociétales. Fidèle à cette tradition ancestrale, Marianne Pon-Layus suit les traces de Catherine Deshayes et s’improvise ministre de culte noir. Dans son tableau, elle se met en scène dans la peau d’une Madame de Montespan; en tant que créatrice, de l’Abbé Guibourg; et le titre n’est pas sans rappeler le célèbre procès pour sorcellerie concernant les trois personnalités précédemment citées. À la fois prêtre, juge et participante, omnipotente, elle crée une exposition à plusieurs dimensions dont l’interprétation est laissée libre au visiteur.

L’installation est un glissement du haut vers le bas, un passage du lumineux vers l’obscur et du public à l’occulte. C’est la lumière qui attire d’abord l’attention. Les sphères rotatives réfléchissantes, mues par le vent, produisent un vif éclat qui caresse la toile sombre. Les losanges rouges effleurent les personnages inquiétants tapis dans l’ombre d’un bois. Telle une incantation activée par sa verbalisation, la scène de messe noire se voit conférer une réalité dans le regard du passant curieux.

S’agit-il d’une parabole de l’artiste à la recherche désespérée de la reconnaissance de ses pairs ou, avec l’utilisation d’un appareillage référant à la culture populaire, de pointer un art grand public devenu dépassé qui occulte une pratique plus underground? En définitive, cela importe peu, Chambre Ardente est une installation vibrante qui nous fait sentir que l’art peut aussi bien se trouver dans la plus belle des peintures comme dans les heures les plus sombres du disco.

Bélinda Lefrançois (auteure-conférencière), Ismaïlia, 2015

 

Marianne Pon-Layus vit et travaille à Montréal.

C’est par la peinture et le dessin qu’elle met en scène de jeunes femmes étrangement identiques dans des situations troublantes mêlant sensualité, agressivité et jeux de domination à travers une déroutante légèreté.

Elle a étudié les arts visuels et médiatiques à l’UQAM où elle a remporté la Bourse du Fond des professeurs en 2011 avant de compléter sa maîtrise en 2012. Pon-Layus a exposé en solo à la Galerie Lilian Rodriguez, la Galerie B-312, la maison de la culture Frontenac et la Galerie d'art d'Outremont. Elle s'est également produite dans des expositions collectives à Art-Mûr, à la Fonderie Darling et au Musée du Bas-Saint-Laurent.

marianneponlayus.com

 


 

crédit photo : Marilou Crispin