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DEEP HORIZON (OASIS)

Chloe Savoy - 15 au 21 juin

 

crédit photo : Chloe Savoy

 

Nacrées de romantisme, les œuvres de Chloe Savoy s'inscrivent dans une pratique d'anti-peinture. Si l'artiste, autodidacte et héritière d'une tradition millénaire, prend certes le pari de la peinture, elle cherche cependant à fuir toute forme de séduction formelle ou discursive. Rituels d'exorcisme personnel, ses tableaux n'offrent que très peu de repères tangibles au regardeur: toute forme d'interprétation se perd dans un dédale boulimique où le sens tente de se faire, en vain, aussi gros que le bœuf.

Déconstruite, anti-sublime, informe, poétique, obscure, aride, aliénante, aigre-douce: le champ lexical de sa peinture pourrait s'allonger sans fin, sans pour autant la cerner. Voilà tout le dilemme des tableaux de Savoy: comment peindre sans plaire et comment dire sans parler?

Aussi improbable qu'un été sans moustique au Yukon, la rencontre des œuvres de Savoy à New Eldorado, fait miroiter au public une tranquillité aussi bancale que les cloisons en bois d'un vieux Glory Hole de Tijuana. Posés là, presque hors du temps dans ce village figé, il en subsistera en nos mémoires bien plus qu'une charpente vermoulue.

La peinture de l'artiste s'offre comme un one night stand au clair de lune avec coït interrompu au petit matin. Cependant, c'est bien le public qui offre sa tête et non l'artiste: ici, le plaisir n'est pas toujours partagé.

Deep Horizon (Oasis) s'inscrit dans la lignée d'une peinture métaphysique digne d'un Morandi, les bouteilles et les vases en moins.

Fiona Darbon Van Maercke, juin 2015

 


 

crédit photo : New Eldorado