« Le secret c'est de regarder un coucher de soleil avec une rage de dents. »

Vincent Routhier, « Lister » (extrait), Montréal, 2014

D'une certaine manière, je veux juste dire qu'entre les choses il n'y a rien et de ce rien émane la chose. Je cherche le mot pour ne rien dire. Je pourrais utiliser le silence mais le silence n'est pas rien.

À la manière du langage la sémantique ne peut. Qu'est-ce qui est moins que rien, « ien ».

Le silence rythme nos voix comme les nuits ponctuent nos vies. Nous laissons chacune de nos nuits à l'absurde.

Les mots nous montrent à quel point la réalité est vulgaire en face du phénomène de nos sensations. Le silence est intraduisible, c'est quelque chose qui ne cesse de ne pas, ne pas se traduire. Si nous voyons le langage comme un handicap, transcender ce handicap revient à transcender notre langage et devenir un surhomme. Le handicap ramène la vie à sa juste valeur. Le suicide n'est rien d'autre que la transformation d'une chute horizontale en une chute verticale, mais l'inconséquence du suicide est le fait que dans les deux sens de la chute nous avons à faire face au vertige. Le vertige est la peur et le désir de tomber éprouvé en même temps. Chacun de nos pas sont des petits sauts dans le vide et personne n'échappe à la gravité. Entre chaque pas, entre chaque mot, dans le silence, mes ailes se déploient et j'observe le degré zéro entre l'original et la copie.

Vincent Routhier, juin 2015

crédit photo : New Eldorado