DEUX GROUNDS SUR SOL
Véro et Luc - 29 juin au 5 juillet
crédit photo : Véronique Saucier
Je marche dans la ville. Puisque je ne veux pas voir les humains, je regarde par terre. Par contre je vois leurs traces, leurs oublis, leurs marques. Le sol, lui, devient alors une pellicule et capte leurs passages.
Ici, dans ce jardin, après une première neige, les feuilles d'arbres se décomposent, deviennent translucides et s'effacent lentement ; elles se désincarnent à l'inverse d'une image dans le révélateur. Je dois fixer le tout comme sont saisis les gisements de fossiles éphémères.
Et puis tout se fige. Il n'y a rien à faire, seulement attendre...
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Pour toi je marche dans la ville. Le cadre de mon appareil — comme celui de mes yeux — découpe les trottoirs, les rues, les égouts et les flaques. Je soulève ensuite ce sol que je porte à bout de regard, devant tes yeux. Je défie la gravité et transforme l'horizontalité en verticalité : le sol est devant nous, soulevé. Mais ici, à New Eldorado, il est de retour à sa place: Deux grounds sur sol.
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Le sol où nous sommes nous appartient. Deux grounds sur sol c'est comme le Yann Arthus Bertrand des pauvres. Mais la vie inscrite dans ces grounds y est tout aussi intéressante. Le sol est marqué et remarqué. Il nous supporte, nous soutient. Il contient tout : politique, frontières, partage, richesses, exploitation, semences, vie et mort.
Il est simple, présent.
Luc, juin 2015
crédit photo : Luc